Corrélations entre la maladie mentale et la consommation problématique d’alcool

Rien a priori n’explique pourquoi les personnes atteintes de troubles mentaux sont plus susceptibles que les autres d’abuser de l’alcool ou d’être dépendantes de l’alcool. Ni l’inverse, d’ailleurs. Chaque individu vit une situation qui lui est propre et qui résulte d’une interaction complexe entre des facteurs génétiques et biologiques, sa propre personnalité et l’environnement social dans lequel il vit.

Il n’en demeure pas moins que certains experts tentent quand même de formuler des théories au sujet de la forte interrelation entre la maladie mentale et la consommation problématique d’alcool.

Prédisposition

Selon cette théorie, une explication tient dans les caractéristiques – traits de personnalité, facteurs génétiques héréditaires et facteurs sociaux – des personnes atteintes de troubles mentaux, qui les prédisposent à l’abus ou à la dépendance à l’alcool. Certains experts vont jusqu’à dire que la base neurobiologique des troubles mentaux et celle de la dépendance à l’alcool pourraient être fortement comparables.

Sensibilité

Selon une deuxième théorie, les personnes atteintes de maladie mentale seraient plus sensibles aux effets nocifs des substances psychoactives que les autres. Par conséquent, pour une quantité égale d’alcool consommée, les personnes qui souffrent d’un trouble mental sont plus vulnérables aux effets intoxicants de l’alcool que les autres.

Automédication

Comme il a souvent été observé, les personnes qui souffrent de troubles mentaux prennent de l’alcool – une substance aux propriétés apaisantes – pour tenter de régler leurs problèmes eux-mêmes. Ce phénomène appelé automédication est la troisième théorie cherchant à expliquer la force du lien qui semble exister entre santé mentale et dépendance à l’alcool.

Afin d’échapper à leur condition pathologique ou tout au moins afin d’atténuer les symptômes de leur maladie – causés par la neurobiologie de leurs troubles mentaux –, les personnes en détresse consomment des substances psychoactives. Les personnes malades ne s’auto médicamentent donc pas pour pallier un trouble psychologique, mais bien pour pallier la souffrance, la tristesse, la colère ou l’agitation provoquées par leurs troubles mentaux.

Aggravation

Les personnes qui se sentent particulièrement anxieuses ou dépressives et qui éprouvent des symptômes inhabituels – une difficulté à se concentrer, une diminution de l’attention, un besoin de retrait social ou des troubles du sommeil – doivent être très vigilantes. Elles devraient alors éviter toute consommation d’alcool. En effet, l’alcool peut fragiliser les personnes génétiquement vulnérables aux troubles mentaux.

Lorsque les symptômes précurseurs de la maladie sont associés à la consommation de substances psychoactives comme l’alcool, le risque est plus élevé de développer une maladie mentale. En effet, l’alcool pourrait altérer de nombreux neurotransmetteurs, dont le glutamate, qui joue aussi un rôle dans la schizophrénie.

Les prédispositions génétiques à certains troubles de la personnalité, comme l’impulsivité ou le trouble de déficit de l’attention – avec ou sans hyperactivité – peuvent être exacerbées s’il y a eu une exposition prénatale à l’alcool.

Effets pervers : maladie mentale et alcool

L’alcool et le sommeil

Certains individus ont parfois de la difficulté à trouver le sommeil lorsqu’ils éprouvent du stress. Pour combattre ce problème, ils peuvent avoir tendance à consommer de l’alcool, pensant ainsi faciliter leur sommeil. Bien entendu, l’alcool peut aider un individu à s’endormir. Cependant, l’alcool risque aussi de causer de l’insomnie et des éveils à répétition, augmentant ainsi les troubles du sommeil. L’alcool modifie le cycle de sommeil. Le lendemain d’une forte absorption d’alcool, une personne peut se sentir mal et fatiguée, même si elle a suffisamment dormi. Puisque l’alcool perturbe le sommeil – une composante essentielle de la santé mentale –, les personnes souffrant de problèmes mentaux devraient réduire au minimum leur consommation d’alcool.

L’alcool et les médicaments

La consommation d’alcool, même sans abus et sans problème de dépendance, peut nuire au rétablissement des personnes souffrant de troubles mentaux, surtout si elles prennent des médicaments. Les personnes souffrant de troubles mentaux, qui prennent des médicaments et qui consomment simultanément de l’alcool, risquent fort d’oublier de prendre leurs médicaments. De plus, l’alcool peut atténuer l’efficacité de leurs médicaments ou en diminuer l’élimination.

L’alcool et le suicide

La majorité des personnes qui se suicident souffrent d’un trouble de santé mentale. Des chercheurs américains avancent même que neuf personnes sur dix qui se suicident auraient un problème de santé mentale reconnu. Le risque de suicide est 5,5 fois plus élevé chez les personnes qui ont un problème d’abus ou de dépendance à l’alcool que chez les autres47. Il est aussi prouvé que les personnes souffrant d’un trouble mental – et qui consomment de l’alcool – ont un risque de suicide plus élevé.