Mandaté par Santé Canada, le Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances (CCDUS) a actualisé les Directives de consommation d’alcool à faible risque. Le document est présentement soumis à la consultation publique à laquelle le public et les organismes sont invités à participer. 

Éduc’alcool salue l’initiative, qui remet le sujet de la consommation d’alcool et de la santé à l’avant-plan. À notre sens, il est essentiel que les directives véhiculées soient perçues comme acceptables par la population pour éviter qu’elles soient contreproductives en matière de prévention. Nous avons jusqu’ici limité nos commentaires ; nous préférions laisser le temps à nos conseillers scientifiques d’étudier minutieusement le document. Ainsi, nous soumettrons nos observations et demanderons des précisions sur certains aspects dans le cadre de la consultation publique. 

Nos experts estiment notamment que, comme dans les autres pays qui ont produit des directives, les recommandations devraient être présentées sur une base quotidienne, plutôt qu’hebdomadaire : ne pas boire pendant la semaine, pour boire toutes les consommations le samedi, n’est pas recommandé ! De plus, ils croient que les directives gagneraient à être plus claires et davantage étoffées sur l’alcool et la grossesse.  

Cela étant dit, rappelons qu’Éduc’alcool ne détermine pas les directives de consommation à faible risque, mais les intègre à ses campagnes en se basant sur les faits scientifiques pour informer le public avec rigueur. Notre mission est d’informer les Québécois en matière de consommation d’alcool de manière à susciter chez eux un comportement modéré et réfléchi. Il importe que les messages véhiculés soient valides et clairs, avec des exemples, afin de favoriser la compréhension puis l’adhésion de la population. 

Plus de 30 ans à outiller les Québécois   

Au-delà des nouvelles directives proposées, Éduc’alcool est engagé depuis plus de 30 ans à sensibiliser les Québécois de tous les âges aux impacts de la consommation d’alcool, comme en témoignent nos nombreuses publications scientifiques sur le lien entre l’alcool et le risque de cancer, l’alcool et la grossesse ou encore l’alcool et le cannabis. 

Preuve que les efforts de sensibilisation fonctionnent, les données récentes indiquent que 87 % des Québécois pensent qu’il n’est pas acceptable de conduire après avoir bu deux verres dans la dernière heure.   

Nous avons dernièrement recentré notre approche afin d’aider les Québécois, notamment les jeunes, à prendre conscience de leur relation à l’alcool, dans une optique pédagogique et bienveillante. Il faut outiller les consommateurs et les laisser maîtres de leurs choix, sans stigmatiser. Nous pensons que c’est en générant d’abord des prises de conscience que des changements de comportements pourront réellement s’opérer. Nous développons un outil facile d’utilisation pour évaluer son niveau de risque relatif face à l’alcool en fonction des vulnérabilités individuelles. 

Dans cette perspective, nous souhaitons que les directives soient claires, solidement appuyées, comprennent des mesures collectives et individuelles, et fassent appel à l’intelligence des gens. Les messages doivent être adaptés aux populations visées et à leurs habitudes de consommation.  

Concernant la proposition du CCDUS d’afficher, sur les contenants, le nombre de consommations standard contenues en fonction du taux d’alcool, nous croyons que c’est tout à fait pertinent. Or, l’affichage du nombre de consommation standard n’est pas une fin en soi, et les efforts de sensibilisation devront être poursuivis. Éduc’alcool évalue d’ailleurs la possibilité, à court terme, d’avoir un outil pour éduquer en la matière.  

Chez Éduc’alcool, nous considérons que la consommation consciente et modérée d’alcool ainsi que la prévention des abus sont des éléments favorables à la santé de la population. Dans cette perspective, nous continuerons d’éduquer et de sensibiliser les Québécois, sur les risques immédiats et à long terme de la consommation d’alcool avec une approche toujours basée sur la science pour informer le public avec rigueur. 

Geneviève Desautels 
Directrice générale d’Éduc’alcool