Depuis le début de la pandémie, Éduc’alcool a régulièrement rappelé aux Québécois que la consommation abusive d’alcool pouvait affaiblir le système immunitaire, particulièrement lorsqu’il est appelé à combattre des maladies affectant les voies respiratoires[1], comme la pneumonie, la tuberculose, ou encore la COVID-19.

Il a aussi invité les personnes ayant contracté la COVID-19 à ne pas consommer du tout d’alcool en attendant d’être rétablies afin de préserver la capacité de leur système immunitaire à combattre le virus.

À présent que la campagne de vaccination a débuté, de multiples questions se posent au sujet des effets de la consommation sur l’efficacité du vaccin. Il importe donc de faire le point sur les liens possibles entre alcool et vaccination.

Alcool et essais cliniques

Certaines études cliniques établissent des critères très stricts lors du recrutement de leurs participants. Par exemple, on peut exiger que les volontaires n’aient pas de problèmes de santé préalable ni d’historique de consommation excessive d’alcool. Cela a été le cas pour le vaccin développé par AstraZeneca[2]. Quand le recrutement est ainsi fait, il peut être difficile de généraliser les résultats des études à l’ensemble de la population qui inclut, évidemment, les consommateurs excessifs.

Par contre, dans les cas des essais cliniques menés par Pfizer et Moderna[3], les compagnies ayant développé les deux vaccins actuellement autorisés au Canada, les consommateurs d’alcool ont été inclus dans l’ensemble des phases cliniques. Cela signifie que les résultats encourageants de ces études cliniques s’appliquent à l’ensemble de la population adulte, incluant les consommateurs d’alcool.

Des vaccins efficaces même pour les buveurs excessifs

Bien qu’il n’existe pas d’études traitant spécifiquement de l’influence de la consommation d’alcool sur l’efficacité des vaccins contre la COVID-19, la recherche démontre que les réactions immunitaires à l’administration d’autres vaccins sont nettement affaiblies chez les consommateurs excessifs d’alcool, particulièrement ceux aux prises avec des maladies du foie[4].

Sans vaccination, les buveurs excessifs sont donc plus à risque de contracter la COVID-19 et d’avoir des symptômes graves de la maladie. De plus, l’efficacité du vaccin peut être affaiblie chez ce groupe de buveurs.

Toutefois, les vaccins actuellement offerts au Québec et au Canada offrent une protection supplémentaire pouvant contrecarrer certaines vulnérabilités causées par l’alcool chez les buveurs excessifs.

Il est donc bénéfique pour tous, même pour les buveurs excessifs, de se faire vacciner contre la COVID-19.

Attention à la consommation excessive

Étant donné que les bienfaits de la vaccination peuvent être amoindris si l’on consomme de l’alcool de façon excessive, ces buveurs devraient, s’ils ne peuvent arrêter complètement de boire de l’alcool, obtenir de l’aide pour tenter au moins de diminuer leur consommation, le temps de laisser le processus d’immunisation du vaccin faire effet.

Il n’est pas possible de déterminer clairement le nombre de jours où il faut réduire sa consommation avant la vaccination, mais il est certain que plus c’est tôt, mieux ça vaut.

Une fois la deuxième dose reçue et le processus d’immunisation complété (au moins deux semaines après avoir reçu la dernière dose de vaccin), il sera alors possible de réévaluer sa consommation d’alcool et, qui sait, peut-être de continuer à mettre en application les nouvelles habitudes de consommation modérée.

Avantage possible aux consommateurs modérés

Il faut enfin préciser que cet effet négatif de l’alcool sur la réaction immunitaire ne semble pas se produire chez les consommateurs modérés. Il existerait des indications que la réaction immunitaire aux vaccins pourrait être encore meilleure chez ce groupe de buveurs[5]. En soulignant ce fait, Éduc’alcool n’invite évidemment pas les Québécois à commencer à boire de l’alcool pour améliorer leur réaction immunitaire au coronavirus, étant donné, entre autres, que le lien causal ne peut être établi. Il remplit toutefois sa mission de les informer de manière complète, comme il le fait dans toutes ses interventions.

Ainsi, même en matière d’alcool et de vaccination contre la COVID-19, la modération a bien meilleur goût.

[1] Zhang et coll. (2008)
[2] Voysey et coll. (2021)
[3] Polack et coll. (2020); Baden et coll. (2021)
[4] Résumé des études présenté par Pasala et coll. (2015)
[5] Messaoudi et coll. 2013; Roseman et coll. (2012)