L'alcool et les ainés : un sujet sensible
FAVORILa relation des aînés à l’alcool au cœur de nos préoccupations.
La consommation chez les aînés
Les aînés ne constituent pas un groupe homogène. À l’instar de la population en général, la consommation chez les aînés varie en fonction de l’âge, du genre, du statut socioéconomique et d’autres paramètres démographiques.
En fonction de l’âge
Contrairement aux générations précédentes, les babyboomers québécois ont grandi dans une culture de grande acceptation sociale de la consommation d’alcool. La proportion d’aînés consommant beaucoup et même trop d’alcool pourrait ainsi augmenter au cours des prochaines années.
En fonction du genre
En ce qui a trait à la consommation abusive, 15,7 % des aînés québécois disent consommer plus de 14 verres par semaine alors que ce pourcentage est de 3,8 % chez les femmes âgées.
En fonction du statut socioéconomique
Les Canadiens ayant un revenu élevé sont significativement plus nombreux à déclarer avoir dépassé le seuil recommandé par les Directives de consommation d’alcool à faible risque, soit 24,7 % contre 22,3 % des personnes à revenu moyen et 20,5 % des personnes à revenu faible.
Au Québec, on observe une plus grande proportion de buveurs consommant plus de 14 verres par semaine chez ceux qui ont un revenu supérieur.
Dépistage et consommation abusive
Au Canada, de 11 % à 14 % des aînés dépassent le seuil recommandé par les Directives de consommation d’alcool à faible risque. En 2005, 2,8 % des aînés disent avoir eu au moins un problème dû à leur consommation d’alcool.
Difficile identification des problèmes de consommation
Les conséquences d’une consommation abusive d’alcool – dégradation de l’état de santé, repli sur soi, pertes de mémoire, dépression, insomnie, chutes, problèmes de digestion, perte d’appétit et angoisses – sont parfois diagnostiquées comme étant les conséquences d’une maladie ou tout simplement du vieillissement.
La consommation abusive ou dangereuse
Certains évènements sociaux peuvent provoquer une consommation abusive d’alcool alors que des situations de vie spécifiques aux aînés peuvent causer une consommation dangereuse d’alcool.
Certains aînés accueillent la retraite avec grand plaisir, mais pour qui n’a jamais développé d’intérêts ou de réseau à l’extérieur du travail, la retraite devient synonyme de plusieurs pertes : la routine, les collègues, une activité à accomplir, un salaire, un sentiment d’utilité, etc. Le travail était ce qui, depuis longtemps, donnait un sens, un but et une structure à leur vie.
Les enfants quittent la maison, un conjoint ou des amis meurent, le cercle de liens se rétrécit. Les problèmes physiques limitent la mobilité des aînés. Ces évènements peuvent accentuer un sentiment d’isolement et de solitude qui devient intolérable. Contrairement aux plus jeunes qui s’initient souvent à l’alcool avec leurs amis, les aînés boivent parce qu’elles se sentent seules.
Perdre la santé peut créer du stress, en limitant la mobilité et en engendrant une image de soi négative. L’alcool peut alors être utilisé pour oublier la peine associée à cette perte de capacités physiques.
D’autres facteurs peuvent expliquer pourquoi certains aînés, contrairement à d’autres, réagissent à certaines circonstances en augmentant leur consommation d’alcool. En voici quelques-uns :
- boire de l’alcool pour mieux s’adapter à des évènements difficiles;
- ne pas connaître d’autres stratégies d’adaptation que l’alcool;
- ne pas avoir de réseaux sociaux;
- vivre seul, demeurer isolé;
- avoir eu dans le passé une consommation d’alcool problématique.
Recommandations d’Éduc’Alcool
La surconsommation d’alcool est source de souffrance, peu importe l’âge. Vouloir préserver la dignité et le bienêtre d’une personne âgée, c’est se préoccuper d’un éventuel problème lié à l’alcool plutôt que de l’ignorer.
Parce que le changement des proportions des masses liquide et graisseuse ainsi que le ralentissement du métabolisme des aînés provoquent une alcoolémie plus élevée à quantités d’alcool égales et à poids égaux, Éduc’alcool recommande aux personnes de plus de 65 ans d’être attentives aux effets de l’alcool sur leur organisme et de réduire leur consommation en conséquence.
Parce que la polypharmacie est courante chez les aînés et que les interactions entre l’alcool et les médicaments sont fréquentes, Éduc’alcool recommande aux personnes de plus de 65 ans, lors de l’acquisition de tout médicament d’ordonnance, de se renseigner systématiquement auprès d’un médecin ou d’un pharmacien sur les interactions et les incompatibilités possibles entre ce médicament et la consommation d’alcool.
Parce que les aînés constituent un groupe fortement à risque de consommer de l’alcool de façon dangereuse – de manière non intentionnelle – et qu’un tel problème peut se cacher sous des symptômes généralement attribués au vieillissement, Éduc’alcool recommande que l’entourage – famille, proches, amis, médecins et professionnels de la santé – des personnes de plus de 65 ans soit informé, vigilant et soucieux d’intervenir.