La consommation modérée d’alcool (entre un et sept verres par semaine) pourrait prévenir les troubles neurocognitifs, tandis que les effets d’une consommation variant entre huit et 14 verres par semaine semblent nuls sur ces mêmes troubles. À l’opposé, le risque de développer des maladies neurodégénératives augmenterait pour les personnes qui ne respecteraient pas les limites de consommation recommandées. Enfin, lorsque les premiers symptômes de troubles neurocognitifs apparaissent, les effets potentiellement positifs d’une consommation modérée disparaissent. Telles sont les conclusions de la publication d’Éduc’alcool intitulée « Alcool, alzheimer et autres troubles neurocognitifs majeurs ».

On y constate que :

  • Il existe un lien assez clair entre la consommation d’alcool et les troubles neurocognitifs majeurs ou mineurs, telle la maladie d’Alzheimer ;

  • Même si les mécanismes causant l’apparition des troubles neurocognitifs ne sont pas encore identifiés avec certitude, plusieurs études fournissent des pistes qui expliquent l’influence que pourraient avoir divers niveaux de consommation d’alcool sur la probabilité d’avoir l’une ou l’autre de ces maladies ;

  • Le risque d’avoir un trouble neurocognitif est trois fois plus élevé chez les individus ayant un diagnostic clinique lié à la consommation d’alcool, que chez ceux n’ayant aucun souci sur ce plan ;

  • Les données sont controversées concernant l’effet de différents types d’alcool ;

    • Même si le resvératrol en quantités importantes semble avoir un effet protecteur contre le risque de troubles neurocognitifs, il n’est pas certain que cet effet soit aussi présent dans la seule consommation du vin rouge.

Il faut être prudent lorsqu’on avance de telles données. La consommation d’alcool n’est évidemment pas le seul facteur influençant le développement de troubles neurocognitifs. De nombreux autres facteurs, tel le tabagisme, l’alimentation ou l’activité physique, par exemple, sont aussi de la partie.

Ainsi, pour minimiser les risques d’avoir un trouble neurocognitif, il vaut mieux :

  • respecter les limites recommandées de consommation d’alcool,
  • éviter de fumer,
  • être physiquement actif,
  • avoir une alimentation saine et équilibrée.

Cette publication d’Éduc’alcool a été révisée par M. Jean Vézina, Ph. D., directeur de l’École de psychologie de l’Université Laval et membre du Réseau québécois de recherche sur le vieillissement, des Fonds de recherche du Québec – Santé (FRQS).

Des effets bénéfiques et d’autres délétères

Passant en revue les différentes études publiées sur le sujet, la publication d’Éduc’alcool fait état des effets bénéfiques protecteurs et délétères selon le niveau de consommation d’alcool sur le développement de la maladie d’Alzheimer ou d’autres troubles neurocognitifs. Ainsi :

  • Les buveurs prenant entre une et sept consommations par semaine présenteraient un risque plus faible de troubles neurocognitifs que les abstinents de longue durée. Toutefois :

    • Il n’est pas clair que cet effet protecteur de l’alcool apparaît chez des personnes ayant consommé de l’alcool de façon modérée toute leur vie ou chez celles dont la consommation modérée n’aurait commencé que plus tard ;
    • On remarque que chez les personnes âgées, on peut associer une consommation d’alcool modérée à une diminution du risque d’avoir un trouble neurocognitif. Plus précisément, le risque diminuerait de 28 % pour la maladie d’Alzheimer, de 25 % pour les démences vasculaires et de 26 % pour tout autre type de trouble neurocognitif ;
    • On observe cet effet bénéfique principalement chez ceux qui consomment entre un et sept verres par semaine, mais une consommation d’alcool allant de huit à 14 verres hebdomadaires chez les personnes âgées ne diminuerait pas le risque d’avoir la maladie d’Alzheimer ou d’autres types de troubles neurocognitifs; elle serait plutôt neutre.

  • Le groupe des buveurs prenant en moyenne moins d’une consommation par semaine présenterait un risque un peu plus élevé que ceux consommant entre un et sept verres par semaine, mais un peu moins élevé que ceux en consommant entre sept et 13 par semaine ;
  • Les abstinents à vie arriveraient ensuite, avec un risque moins élevé que les personnes buvant plus de 14 consommations par semaine ;
  • Les mêmes tendances sont perçues lorsque la maladie d’Alzheimer est analysée seule ;
  • En ce qui a trait à la seule maladie d’Alzheimer, cet effet protecteur serait plus prononcé chez les hommes que chez les femmes, avec un risque diminuant de 42 % contre 17 %.

Alors, vaut mieux boire ou pas ?

On ne peut conclure avec certitude à partir de quel seuil de consommation un trouble neurocognitif est dû uniquement à la consommation excessive, pas plus qu’on ne peut affirmer le seuil qui ferait accélérer le développement d’un trouble neurocognitif qui serait survenu même sans consommation d’alcool.

Néanmoins, certains chercheurs suggèrent que plus de 35 consommations par semaine pour les hommes et plus de 28 pour les femmes pendant plus de cinq ans, suffiraient pour conclure qu’un trouble neurocognitif est dû à l’alcool.

L’analyse en profondeur de ces données nous mène, une fois de plus, à cette conclusion : même pour le cerveau, la modération a bien meilleur goût.

La publication « Alcool, alzheimer et autres troubles cognitifs » peut être téléchargée ici. On peut aussi la recevoir sans frais en communiquant avec Éduc’alcool au 1-888-ALCOOL1.