Ce sentiment d’inconfort généralisé, à la fois physique et mental, vous l’avez peut-être déjà expérimenté, après avoir consommé de l’alcool en grande quantité. En plus des maux de tête et des nausées, on peut avoir des sueurs, ressentir des palpitations cardiaques et éprouver une forme d’angoisse. Cet état qui s’apparente à de l’anxiété a donc été rebaptisé hangxiété : un mot-valise formé à partir des termes hangover (soit, veisalgie, lendemain de veille ou gueule de bois, en anglais) et anxiété.

Comment l’alcool provoque-t-il cet état?

Des facteurs psychologiques et biologiques

Les neurotransmetteurs sont des molécules qui envoient des messages d’une région du cerveau à l’autre. Un neurotransmetteur peut jouer un rôle excitateur – il augmente l’activité d’une région – ou inhibiteur – il en diminue l’activité.  

Or, la consommation d’alcool amène un changement dans l’activité de nos deux principaux neurotransmetteurs : le glutamate (le neurotransmetteur excitateur le plus commun dans le cerveau) et le GABA (acide gamma-aminobutyrique – principal neurotransmetteur inhibiteur).

D’une part, l’alcool stimule l’activité du GABA, ce qui augmente l’effet inhibiteur du GABA sur plusieurs régions du cerveau

À l’opposé, l’alcool réduit l’activité du glutamate, ce qui diminue l’effet excitateur du glutamate sur plusieurs régions du cerveau. D’ailleurs, le qualificatif de « dépresseur » que l’on attribue à l’alcool provient justement de cet effet calmant sur le cerveau, car il réduit l’activité de plusieurs régions du cerveau, dont l’amygdale (rien à voir avec la gorge!), qui fonctionne comme un système d’alerte et joue un rôle direct sur l’anxiété. Une réduction de l’activité de l’amygdale entraîne donc une diminution de l’anxiété chez la personne qui boit.

Alors pourquoi se sent-on anxieux le lendemain?

Le corps humain cherche constamment à maintenir un certain équilibre interne, ou état homéostatique, c’est-à-dire qu’il ajuste constamment sa production de molécules et d’hormones pour maintenir cet équilibre. 

Ainsi, quand un agent extérieur comme l’alcool fait son entrée dans le système, en stimulant l’activité du GABA et en réduisant celle du glutamate, le corps se dit qu’il serait bénéfique de réduire sa production de GABA et d’augmenter celle du glutamate, dans l’optique de contrebalancer les effets de l’alcool.

C’est pourquoi le problème survient le lendemain, quand tout l’alcool a été éliminé, mais que le corps met un certain temps avant de reprendre sa production habituelle de GABA et de glutamate. Un effet de balancier se produit alors que l’amygdale, qui était inhibée sous l’effet de l’alcool, tente de se rééquilibrer une fois son effet dissipé. C’est ce qui peut provoquer chez certaines personnes un sentiment anxieux.

Qui est plus susceptible de souffrir d’hangxiété?

Les personnes vivant déjà de l’anxiété – généralisée ou même sociale – sont particulièrement à risque de vivre de l’hangxiété. Leur niveau de base d’anxiété étant plus élevé, la consommation d’alcool peut avoir un effet particulièrement apaisant. Par conséquent, lorsque l’alcool est éliminé du système, l’effet rebond du lendemain peut être d’autant plus pénible.

Les personnes qui ont tendance à avoir des attaques de panique peuvent aussi être susceptibles de souffrir d’hangxiété. En effet, en ressentant les symptômes physiologiques de l’anxiété, cela pourrait créer une accélération des sentiments d’anxiété et des pensées intrusives anxiogènes.

Comment gérer son hangxiété

Le lendemain d’une soirée arrosée, prévoir des activités qui font du bien permettrait d’en réduire les effets déplaisants. Les activités générant des endorphines – comme l’exercice physique, manger, ou recevoir un massage – permettraient de récupérer plus facilement de cet état d’hangxiété. Les stratégies habituelles de gestion de l’anxiété peuvent également être pertinentes.

Si vous avez observé chez vous un tel phénomène, vous pourriez chercher à réduire la quantité d’alcool consommée afin de voir si ces symptômes tendent à s’atténuer. 

Dans tous les cas, il est bon de se rappeler que boire de manière excessive, ne serait-ce qu’une fois de temps en temps, peut causer des dommages importants à votre système digestif, à votre cerveau, à votre cœur, à votre foie, à votre estomac ou à tout autre organe vital. L’abus d’alcool peut aussi raccourcir votre vie de plusieurs années.

Se questionner, c’est trouver sa juste mesure

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