Sans doute parce qu’il est associé au plaisir, on croit qu’en combinant l’alcool au sexe, on fait une bonne affaire. À tort ou à raison?
Si l’effet désinhibiteur de l’alcool (cette sensation de relâchement que l’on ressent parfois lorsqu’on en boit) peut parfois aider au développement des relations intimes, une consommation excessive d’alcool peut toutefois mener tout droit à un véritable désastre, tant sur le plan des relations amoureuses que sur l’expérience sexuelle vécue. De plus, pris au-delà d’une consommation modérée, l’alcool peut générer un ensemble de problèmes, notamment augmenter la vulnérabilité des personnes intoxiquées à diverses formes de violence à caractère sexuel. Telle est la grande conclusion de la publication d’Éduc’alcool relative à l’alcool et au sexe.
La publication dresse un portrait des enjeux connus et moins connus de la consommation d’alcool et de ses effets. Elle aborde ses conséquences sur le fonctionnement sexuel et les comportements sexuels à risque, en plus de traiter du lien entre l’alcool et la violence à caractère sexuel.
L’alcool n’est ni le principal ni l’unique facteur propice aux agressions sexuelles, mais il est souvent présent lors de relations sexuelles non désirées ou dans les cas de violence à caractère sexuel. Et si consommer de petites doses d’alcool peut favoriser les relations intimes et sexuelles de plusieurs manières, aucune recherche n’a démontré que boire de grandes quantités d’alcool pouvait être bénéfique. Il est donc clair que l’abus d’alcool et le sexe ne font absolument pas bon ménage.
En outre, il ressort clairement, tant chez les femmes que chez les hommes, qu’il existe un lien défavorable entre la consommation excessive et le fonctionnement sexuel : éjaculation précoce, baisse de désir et d’excitation sexuel, dysfonction érectile, insatisfaction, douleurs…
L’abus d’alcool pousse aux comportements à risque
La consommation d’alcool semble par ailleurs être un facteur qui peut augmenter certains comportements sexuels à risque, c’est-à-dire des pratiques pouvant nuire à la santé, notamment celui d’avoir des rapports sexuels sans protection, qui peuvent générer des infections transmissibles sexuellement ou par le sang, ou des grossesses non planifiées. En effet, l’utilisation du préservatif est plus incertaine lorsque le rapport sexuel se déroule sous les effets de l’alcool. On explique cela par les effets désinhibiteurs de l’alcool.
Alcool et violence à caractère sexuel
La publication d’Éduc’alcool démontre clairement que la consommation excessive d’alcool, en plus d’être liée à la violence à caractère sexuel, est une cause de l’incidence et de la gravité de la violence conjugale. Certaines études montrent que les hommes sous les effets de l’alcool tendent à agir de manière plus agressive envers les femmes que lorsqu’ils sont à jeun.
D’une part, la consommation excessive d’alcool engendre une « myopie » qui réduit la capacité des personnes qui les subissent à reconnaître les signes de danger et les situations qui comportent un risque ou une possibilité de violence à caractère sexuel. Et c’est sans compter que l’abus d’alcool altère, ou fausse, les perceptions de la personne qui exprime des comportements violents.
Ensuite, un second mécanisme plus direct se produit lors d’un rapport sexuel où l’état d’ébriété d’une personne est tel qu’il lui est impossible de s’opposer ou de résister. Parfois, faire boire la victime de manière excessive est la tactique pour obtenir une relation sexuelle non consensuelle. Mais ce qu’on dénombre, surtout dans les populations étudiantes, ce sont les cas de violence ou d’agressions à caractère sexuel par vice de consentement où une personne qui a, volontairement ou non, consommé de l’alcool est trop saoule pour consentir à une relation sexuelle.
Même si elle n’est ni une cause nécessaire, ni une cause suffisante, de la violence dans les relations intimes, la consommation d’alcool y contribue significativement, tant chez la personne qui exprime des comportements non acceptables que chez celle qui les subit.
Réduire sa consommation d’alcool est, pour tout le monde, une importante mesure de prévention. Bien que la responsabilité ultime de ces comportements relève, qu’elle ait consommé ou non, de la personne qui les commet, il importe de souligner le rôle de l’ensemble de la communauté dans la prévention de ces comportements, qu’on soit témoin actif, pair, ou membre de l’équipe de sécurité.
Agression sexuelle à l’Université Stanford
En 2016, l’actualité a parlé abondamment du cas d’un étudiant qui avait agressé sexuellement une jeune femme alors qu’elle était inconsciente, lors d’une fête à l’Université Stanford. Lors du procès, il a indiqué qu’il s’était retrouvé au sol avec la jeune femme, car cette dernière était tombée par terre. Dans une déclaration lue au tribunal, celle-ci a répondu : « si une fille tombe par terre, aide-la à se relever. Si elle est trop saoule pour marcher et qu’elle tombe, ne lui saute pas dessus, ne te frotte pas contre elle, ne lui retire pas ses sous-vêtements, n’insère pas ta main dans son vagin. Si une fille tombe, aide-la à se relever. »
Source : https://www.buzzfeed.com/katiejmbaker/heres-the-powerful-letter-the-stanford-victim-read-to-her-ra