Les sondages révèlent que les Québécois connaissent en majorité les limites de consommation recommandées. Et pourtant, certains mythes tenaces concernant la consommation d’alcool demeurent.

  • 36 % des Québécois affirment avoir dépassé les limites recommandées une fois par mois ou plus souvent.
  • 8 % des conducteurs québécois ont conduit un véhicule après avoir consommé de l’alcool au-delà de la limite permise.

Éduc’alcool a recensé pas moins de 20 mythes qui ont la couenne dure et qui méritent d’être scrutés à la loupe.

Alcool et excès 

  • Prendre une brosse ça ne fait pas de tort, si c’est seulement occasionnel.
Réalité

Boire de manière excessive, ne serait-ce qu’une fois de temps à autre, cause de sérieux dégâts au corps humain, même si on ne s’en aperçoit pas. Quand peut-on dire qu’on a consommé de façon excessive? On fait un excès d’alcool lorsqu’on prend, dans une même occasion, 5 consommations d’alcool ou plus chez les hommes, et 4 consommations ou plus chez les femmes, au moins une fois dans l’année. Lorsqu’on consomme de façon excessive 5 fois ou plus dans la même année, il parle alors de consommation abusive et répétitive.

  • Quand on a l’habitude de boire, l’alcool nous rentre moins dedans.
Réalité 

Ceux qui boivent souvent ressentent moins les effets physiques de l’alcool ou ont développé des mécanismes pour en camoufler les effets. Mais la quantité d’alcool dans le sang n’est pas réduite pour autant. Le risque d’avoir les facultés affaiblies et de faire face à d’autres conséquences néfastes est toujours présent si l’on boit trop.

  • C’est pas grave le calage; quand on est jeune on rebondit vite.
Réalité 

Le calage est une pratique dangereuse qui consiste à boire la plus grande quantité d’alcool possible, et qui entraîne souvent des intoxications très graves, peu importe l’âge du « caleur ». Les recherches prouvent d’ailleurs que tant qu’on n’a pas atteint sa pleine taille adulte, l’alcool peut nuire au développement physique et mental. Consommer beaucoup d’alcool durant cette période risque d’entraver l’équilibre hormonal nécessaire au bon développement des organes, des muscles, des os et du système de reproduction. De plus, avant l’âge de 18 ans, les capacités d’anticipation ne sont pas encore pleinement développées; dans ce contexte, la prise de risque et la quête de sensations fortes peuvent conduire à des blessures, à des relations sexuelles non protégées ou non consentantes, ou à la violence. La consommation excessive (5 consommations d’alcool ou plus chez les hommes, et 4 ou plus chez les femmes lors d’une même occasion) crée des habitudes qui, à long terme, peuvent mener à la dépendance. Elle peut aussi devenir un facteur de risques dans le développement de maladies chroniques comme les cancers.

  • Faire un « janvier sec » va compenser pour la surconsommation d’alcool au mois de décembre.
Réalité 

Si on n’a pas envie de boire d’alcool, pendant une journée, une semaine, un mois, une année ou une vie, c’est tout à fait correct. Personne n’a besoin de justifier sa décision de ne pas boire d’alcool. Mais s’imaginer qu’il y a un phénomène compensatoire, c’est faux. Un mois sans boire d’alcool ne compensera pas pour les anciens abus et ne rendra pas non plus les abus qui suivront moins nuisibles. Ainsi, il vaut mieux boire régulièrement avec modération qu’avec excès à l’occasion. L’abus d’alcool n’a que des inconvénients et respecter à l’année longue les niveaux de consommation d’alcool à faible risque demeure la meilleure façon de les éviter.

Gueule de bois et dégrisement

  • On a la gueule de bois quand on mélange plusieurs types d’alcool (vin, bière, spiritueux).
Réalité 

La gueule de bois vient surtout de la déshydratation. En prenant un verre d’eau pour chaque consommation alcoolique, on prévient la déshydratation en maintenant un bon niveau d’eau dans l’organisme. On étanche également notre soif, tout en espaçant les consommations d’alcool. Enfin, on permet au foie de mieux métaboliser l’alcool absorbé. C’est la concentration d’alcool dans le sang – votre alcoolémie – qui compte et non le type de boisson consommée. Par ailleurs, tout type d’alcool consommé de façon irresponsable et abusive peut causer des dommages importants à votre système digestif, à votre cerveau, à votre cœur, à votre foie, à votre estomac ou à tout autre organe vital. L’abus d’alcool peut aussi raccourcir votre vie de plusieurs années. Enfin, certains effets comme des maux de cœur ou des problèmes de digestion peuvent être observés chez certaines personnes lorsqu’elles consomment une variété d’alcools, mais la relation de cause à effet n’est pas prouvée scientifiquement. Ces effets peuvent aussi être causés par le contexte et la vitesse de consommation.

  • Prendre un gros repas avant de boire vous permet de rester sobre.
Réalité 

La nourriture dans votre estomac retarde et ralentit l’absorption de l’alcool dans votre sang. Un estomac plein n’empêche pas l’alcool de produire ses effets ni de vous enivrer. En revanche, mieux vaut ne pas consommer de l’alcool sur un estomac vide. On atteint l’état d’ivresse trois fois plus vite si notre estomac est vide. À jeun, l’alcool passe rapidement dans l’intestin, puis dans le sang et se rend au cerveau. Une consommation standard est absorbée au bout de 20 à 30 minutes. Et le fait de manger après avoir bu n’y changera rien, puisque l’alcool est déjà dans le réseau sanguin. La poutine de fin de soirée n’a donc aucun effet sur le taux d’alcool!

Le processus est toutefois différent si l’on mange avant ou pendant la prise d’alcool, car la nourriture dans l’estomac fait tampon en absorbant une certaine quantité d’alcool, ce qui ralentit la vitesse à laquelle il passe dans le sang. Manger ne réduit pas l’alcoolémie. Ça ne fait que retarder l’absorption de l’alcool. Privilégiez des aliments riches en protéines et en amidon ou qui renferment beaucoup d’eau aux aliments très gras, salés ou sucrés, qui donnent soif.

  • Prendre une douche froide, une tasse de café, une boisson énergisante ou danser sont de bons moyens de se dégriser.
Réalité 

Il n’y a que le temps qui dégrise. Il n’existe aucun truc pour accélérer l’élimination de l’alcool. C’est le foie qui s’en occupe à 90 %. Peu importe la boisson que vous buvez, peu importe la vitesse à laquelle vous buvez, peu importe comment vous buvez ou à quelle heure, le foie métabolise systématiquement entre 15 et 17 milligrammes d’alcool à l’heure. Un café noir ne dégrise personne, il ne fait que masquer les effets de l’alcool. La caféine stimule et donne l’impression d’être plus alerte et éveillé en plus d’augmenter la déshydratation. Mais elle n’a aucun pouvoir sur l’alcoolémie. Les effets de l’alcool sont toujours présents et la capacité de conduire demeure hypothéquée. Méfiez-vous des boissons énergisantes : elles masquent l’effet de somnolence causé par l’alcool, mais n’éliminent pas le fait que les facultés sont quand même affaiblies. Et cela, un policier peut en faire la preuve! Rappelez-vous que le taux d’alcool dans le sang continue de monter après le dernier verre : il atteint son maximum jusqu’à une heure après. Et que dire de l’activité physique? On se débarrasse de très peu d’alcool par la transpiration. Moins de 10% de l’alcool est évacué par l’urine et la sueur. En outre, transpirer fait perdre notre teneur en eau et déshydrate. Or, moins il y a d’eau dans l’organisme, plus l’alcool reste longtemps dans le sang.

Ainsi, boire un verre d’eau pour chaque consommation alcoolisée prévient la déshydratation et donc gueule de bois. On étanche également notre soif, tout en espaçant les consommations d’alcool. Enfin, on permet au foie de métaboliser plus rapidement l’alcool absorbé.

Effets de l’alcool sur le corps

  • Je peux boire autant que ma tendre moitié.
Réalité 

Même à tailles et à poids égaux, une femme qui boit la même quantité d’alcool qu’un homme aura une alcoolémie plus élevée et, par conséquent, en ressentira davantage les effets. Ce phénomène s’explique par le fait que le corps féminin contient proportionnellement moins de liquides corporels et plus de tissus adipeux (graisse) que de muscles. Question de métabolisme. Or, l’alcool se répand plus facilement dans les muscles que dans les gras en raison de leur teneur en eau plus élevée, ce qui lui permet de se diluer plus vite. Certaines différences hormonales sont également à prendre en compte. De plus, l’alcool déshydrogénase, soit la principale enzyme responsable de la métabolisation de l’alcool dans le foie et l’estomac, se retrouve en plus petites quantités chez les femmes que les hommes. Ainsi, l’alcool ingéré demeure plus longtemps en circulation dans le sang chez les femmes que les hommes.

  • L’alcool donne de l’énergie, pour fêter toute la nuit.
Réalité 

En fait, c’est le contraire. Il s’agit d’un neurodépresseur qui ralentit vos capacités de penser, de parler et de bouger. L’alcool modifie la perception, la coordination et le jugement avant que se manifestent des signes d’enivrement.

  • Vous dormirez mieux après avoir bu quelques verres.
Réalité 

Vrai et Faux. L’alcool contribue peut-être à endormir certaines personnes, et une forte consommation augmente la somnolence, mais il altère la qualité de votre sommeil et vous prive de son action réparatrice. Dans le premier cycle de sommeil, vous êtes assommé, vous dormez. Après quoi l’alcool va nuire terriblement à la qualité de votre sommeil.

  • Il fait froid, un p’tit coup, ça réchauffe!
Réalité 

L’alcool a l’effet contraire : il dilate les vaisseaux sanguins, d’où la sensation de chaleur. Mais cette dilatation permet également à la chaleur de s’échapper rapidement, ce qui provoque une baisse de la température corporelle. Combiné au fait que l’alcool engourdit les sens – on sent moins le froid sur la peau –, ce phénomène augmente le risque d’engelures et d’hypothermie.

  • Seule la bière donne une bedaine de bière.
Réalité 

Les calories des boissons alcoolisées proviennent de l’alcool, des sucres et des mixers ajoutés. Chaque gramme d’alcool pur fournit 7 calories. De plus, le corps humain entrepose les surplus d’énergie indépendamment de la source alimentaire – la bière ne finit pas spécifiquement dans le ventre. Vous pouvez utiliser le Tableau de bar sur votre compte personnel Mon Éduc’alcool pour suivre vos propres consommations.

  • La limite est de 0,08 % d’alcool dans le sang. En-dessous de ça, il n’y a pas de danger ni de conséquences.
Réalité 

Le métabolisme de chaque personne est différent et les facultés peuvent être affectées bien en-dessous de 0,08 % qui est une limite légale et non pas une cible ou un objectif. Chacun doit comprendre sa réaction à l’alcool et ne pas se fier sur un chiffre. En effet, il existe une grande variabilité individuelle aux effets de l’alcool.

Pour des raisons biologiques, hommes et femmes métabolisent l’alcool différemment. Le poids, l’âge et les circonstances sont aussi des variables importantes à prendre en considération. Il est inapproprié de consommer de l’alcool si : on prend des médicaments qui interagissent avec l’alcool; on prend des drogues légales ou illégales; on a des problèmes de santé mentale ou physique; on a des problèmes de dépendance à l’alcool; on pratique des activités physiques dangereuses; on est enceinte ou on tente de le devenir.

Et il est déconseillé de consommer de l’alcool quand : on est stressé, fatigué ou affamé (lorsqu’on a l’estomac vide, l’absorption de l’alcool dans le sang est plus rapide.); on a des décisions importantes à prendre; on manœuvre un véhicule motorisé, de la machinerie, de l’équipement mécanique ou électrique; on est responsable de la sécurité d’autres personnes.

  • « Je ne bois pas beaucoup d’alcool, je préfère fumer un joint, donc je ne suis jamais à 0,08 %. »
Réalité 

En fait, il faut savoir qu’il existe une réelle synergie renforçatrice entre ces deux produits. Les effets dépresseurs de l’alcool et du cannabis se multiplient lorsqu’ils sont combinés. Par ailleurs, l’ordre de consommation a aussi son importance : boire de l’alcool avant de fumer du cannabis augmenterait le taux de THC dans le sang. Mais peu importe l’ordre dans lequel on consomme alcool et cannabis, le jugement, le temps de réaction et la coordination sont particulièrement affectés et la conduite automobile est absolument contre-indiquée lorsqu’on mélange les deux produits, même en petite quantité.

  • On supporte aussi bien l’alcool en vieillissant.
Réalité 

Le corps humain supporte moins bien l’alcool en vieillissant. La composition du corps change; la masse musculaire diminue et la masse adipeuse augment. Ainsi, avec moins d’eau dans le corps, on se retrouve avec une plus grande concentration d’alcool. De plus, le foie et les reins fonctionnent un peu moins bien, ce qui rend l’élimination de l’alcool moins efficace et moins prévisible. De plus, comme la soif se fait sentir moins rapidement en vieillissant, le risque de déshydratation est plus élevé. Finalement, les médicaments sont généralement plus présents et plus nombreux en vieillissant. Certains médicaments peuvent interagir avec l’alcool ou affecter la capacité de foie de l’éliminer. Il est important de s’en informer auprès d’un professionnel de la santé. Avec l’âge, une vigilance accrue est nécessaire.

  • « Je dois éviter l’alcool dans mes recettes, car il y aura des enfants au repas. »
Réalité 

Quand on ajoute un peu d’alcool dans une recette, la composante active de l’alcool (éthanol) s’évapore avec une chaleur suffisante ou une cuisson prolongée. Il n’y a donc aucun risque de s’enivrer ou d’enivrer nos invités. Pas de contre-indication non plus avec les médicaments. Attention cependant : le goût de l’alcool est à éviter chez les personnes qui ont cessé de boire à cause d’un trouble lié à l’usage de l’alcool (ou TLUA, autrefois appelé alcoolisme), car c’est un déclencheur connu.

  • L’alcool dégourdit et rend plus à l’aise avec les autres.
Réalité 

Vrai et faux. Une consommation modérée d’alcool fait tomber les inhibitions et facilite les contacts. Cependant, quand on a trop bu, il devient plus difficile de décoder les événements et les réactions des autres. On peut très mal interpréter la situation, prendre des risques et obtenir l’effet opposé de celui que l’on cherchait. Bien qu’un verre d’alcool puisse procurer une certaine détente, son action peut être fort nocive, particulièrement dans des moments plus difficiles.

Alcool et conduite automobile

  • « Je n’ai pas pris plus d’une consommation à l’heure; je ne dépasserai donc pas la limite permise de 0,08%. »
Réalité 

Vrai et faux. Une consommation à l’heure, c’est le temps moyen que prend le corps d’un adulte (sans vulnérabilité particulière) pour éliminer cet alcool. Mais cette affirmation ne peut être valable que si vous avez limité votre consommation au minimum et n’avez pas bu à jeun. Si une personne a trop consommé d’alcool, une heure d’attente ne changera rien. Pour éliminer complètement quelques verres, il faut plusieurs heures. Par exemple, pour éliminer 70 mg d’alcool par 100 ml de sang, il faudra attendre près de 5 heures. Par ailleurs, d’autres facteurs peuvent influencer l’alcoolémie et affecter les facultés, dont le degré de fatigue et de stress, la prise de certains médicaments, la consommation d’aliments et la masse musculaire.

  • « Je peux conduire une auto après avoir bu, tant que je ne roule pas sur un chemin public. »
Réalité 

Le Code criminel s’applique à tout véhicule motorisé, peu importe l’endroit où il circule. Si votre capacité de conduire est affaiblie – que ce soit par l’alcool ou toute autre cause – et que vous conduisez une auto, une motoneige, un quad, un tracteur, ou tout autre véhicule motorisé (même un bateau), vous pouvez être arrêté.

  • « Je suis correct(e) pour conduire, je le saurais si j’avais trop bu. »
Réalité 

L’alcoolémie altère (entre autres) le jugement, les capacités mentales et l’appréciation du risque. Lorsque vous avez bu plus que la limite permise, vous n’êtes plus à même de juger de votre capacité à conduire. La fatigue, les médicaments, le stress ou la maladie sont aussi des facteurs qui affectent les facultés. Conduire avec les facultés affaiblies, ce n’est pas seulement une question d’alcool.


Mythes démystifiés